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Le blog expérimental
2 mai 2006

Grrrrr et autres borborygmes

Aaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh

Pardon, je ne vous ai pas prévenu. C'est le problème avec l'écriture, on ne sait jamais très bien quelle intention se cache derrière un tel message. Est-ce un cri de douleur ? Un soulagement ? Un orgasme littéraire (ouais ben chacun prend son pied comme il veut. Moi, je l'avoue, l'écrit m'émoustille … les courbes élégantes de quelque virgule affriolante me font rougir … les points de suspension sont autant d'invitations lancées à mon imagination qui, à tous les coups, s'y allongent lascivement … les lettres, même les lettres, me mettent dans un état pas possible. Et je ne parle pas seulement des évidents X et Q. Non, toutes les lettres me troublent. J'ai par exemple failli perdre raison en suivant du regard les méandres sensuels d'un S, j'ai plongé dans la folie au creux d'un O, j'ai reçu le i avec la volupté d'Edmond Rostand qui voulait qu'un baiser soit le point rose sur l'"i" du verbe aimer. Et que dire des parenthèses, chères à ma petite Prout-Prout, qui sont comme des mains qui accueillent, qui serrent, qui protègent, qui cajolent et qui nous enlèvent à tout jamais ?). Et bien pas du tout (oui, là il faut faire appel à votre mémoire pour vous souvenir de quoi je parle). Pas du tout, donc, ce n'était qu'un cri de colère que je m'en vais repousser juste pour que vous puissiez le relire avec la bonne intonation cette fois :

Aaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh

En plus, ça fait du bien. Oui,

Aaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh

et cent fois

Aaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh

Hum … pardon, je sens que j'abuse là. En plus, ce n'est certainement pas très bon pour mon pauvre petit cœur grisonnant. Oui, je suis en colère. Et vous savez pourquoi ? Parce que je n'ai aucune raison d'être en colère. Ca, ça m'énerve ! J'aimerais tant vous raconter ma hargne, vous expliquez ce qui m'insupporte au plus haut point, vous faire part de ce qui a le don de faire se dresser les poils sur mon échine. Mais non, rien. Je n'ai pas de grande colère. Même pas la moindre petite envie de cracher sur quelqu'un avec plus ou moins de style. Pas la moindre grande cause à défendre, pas le moindre voisin à haïr.

Aaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh

Et pourtant je cherche. Hier, par exemple, je chargeais ma voiture après un week-end à l'étranger. J'avais des valises partout, même sous les yeux. C'était un vrai casse-tête que d'arriver à tout mettre dans mon coffre. Je suais, je pestais, je me pressais le neurone et m'éclatais ce que j'ai toujours honte à appeler des muscles. Et là, juste à côté de moi, un mec super bien habillé, sans la moindre petite goutte de transpiration, avec des valises super belles, bien propres, fermées avec une facilité évidente, un mec déprimant, donc, se met aussi à remplir son coffre. Mais lui, voyez-vous, il a des sacs magiques qui, mis côte à côte, remplissent à la perfection l'espace qui leur est alloué. Il n'y a rien de travers, rien qui se superpose, rien qui ne soit en équilibre instable et qui s'écroulera au moindre petit coup de frein. Et puis je ne sais pas comment il fait mais il a un coffre super propre. Presque plus propre que mes sièges. Ben le mec j'ai vraiment essayé de le haïr. Je pestais sur la place qu'il avait trouvé pour se garer et qui, contrairement à le mienne, ne l'obligeait pas à faire 3 kilomètres à chaque valise en escaladant, au passage, trois rochers, deux troncs d'arbre et en traversant des buissons aux épines acérées. Je trouvais misérable la façon qu'il avait de ne pas se salir alors que moi je me retrouvais avec de l'huile, de la boue et d'autres substances que j'ai préféré ne pas identifier, maculant le t-shirt depuis longtemps sorti à moitié de mon pantalon trop large que je devais remonter toutes les 3 expirations. Et j'ai même cru que j'allais lui vomir dessus quand il a eu fini de ranger ses 5 valises et qu'il a fait venir ses 17 enfants ! Mais comment il faut pour avoir si peu de bagages avec une famille pareille ? Et là, alors que je sentais la salive se charger d'électricité à mesure qu'elle s'approchait de mes lèvres, il m'a souri en me saluant. Même pas d'une façon méprisante, non, avec un air sincère du mec qui ne pense que du bien de vous. Et là, moi aussi, je lui ai souri. Sauf que moi, en plus, j'ai un peu bavé à cause de l'excédent de bave accumulé dans ma bouche prête à mordre deux secondes plus tôt. Et puis il est parti, avec ses 29 enfants, sa femme élégante et souriante et ses 5 sacs bien rangés dans le coffre. Je me suis alors senti bien con avec juste le souvenir d'une haine naissante que je n'aurai même pas été capable d'exprimer jusqu'au bout.

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